Trotter
enlevé, ce moment magique
Le
trot est une allure sautée à deux temps
où le
cheval avance par bipèdes diagonaux, chaque poser est
séparé du suivant par un
temps de suspension.
· Poser,
Appui, Propulsion du diagonal droit
· Suspension
· Poser,
Appui, Propulsion du diagonal gauche
· Suspension
Une
demi-foulée de trot
Poser,
appui et propulsion du diagonal droit –
suspension – poser du diagonal gauche
Pour
économiser votre monture et vous-même, il vous
faut adopter une activité qui
vous permet d'échapper à une secousse sur deux,
c'est le trot enlevé. Les
différentes étapes de progression concernent le
contrôle du déséquilibre :
rechercher le rythme de sa monture et s’y adapter, savoir
avec quel diagonal on
trotte et en changer à volonté, stabiliser son
équilibre et le rythme en
terrain varié, lors d’allongements ou encore sur
les déplacements latéraux.
Comment trotter enlevé ?
La description faite dans les manuels pose problème
à celui qui ne connait pas
le mécanisme et veut l'apprendre : le cavalier est-il actif
? Décolle-t-il les
fesses en prenant appui sur ses étriers ? Ou bien est-il
passif ? Est-ce la
poussée d'un bipède qui lui permet de s'enlever ?
Prend-il appui ses étriers ? Ou
sur ses genoux ? Ou les deux ?
Ces errements font perdre du temps et de
l’énergie au cavalier comme au
cheval. En outre, toute recherche par tâtonnement conduit
à des comportements incorrects qui
s'installent malgré tout dans le système de
coordination motrice.
Les défauts générés sont
visibles au début de la formation lorsque le cavalier
n’a pas encore réussi à les compenser.
Mais un grand nombre de cavaliers
conserve à un niveau relativement
"élevé" une technique
approximative, compensée par du matériel ou des
aides artificielles, et n'atteint
jamais la Légèreté qui permet un
dialogue invisible entre le cheval et son
cavalier.
a) cambrure exagérée, le dos du cavalier
ne fonctionne pas, les mains ignorent
la fixité qui permet de doser leurs actions, entre autre,
savoir
"résister" juste.
b) épaules en avant, le cavalier
déséquilibre son cheval, regarde par terre, ne
conduit pas sa monture, il reste passager, malgré lui. Ses
fesses sont plus
souvent sur le troussequin que dans le siège.
c) le cavalier fait un effort pour se lever en tirant avec les mains,
ou en
écartant les coudes, ses pieds partent dans les coudes du
cheval et ne servent
plus à prendre appui, ni à faire avancer le
cheval, le cavalier retombe
lourdement dans sa selle à chaque foulée, et tire
sur la bouche à chaque
"enlevé".
d) le cavalier se lève en serrant ses genoux contre la
selle ; le bas de
jambe est inutile, et ne peut faire avancer le cheval, quand le
cavalier ne le
chatouille pas avec des pieds derrière le tapis.
Le haut du corps est
penché en avant pour se placer au dessus du point d'appui
(genou), qui sert de
pivot, rendant l’équilibre instable.
Pour résoudre les problèmes de position, vous
avez surtout besoin d'un
enseignant avec un excellent coup d'œil ! Plus que
repérer votre défaut, il va
savoir analyser vraiment d'où vient le problème :
souci d'orientation ou de
fonctionnement ? Ce qui est observable n'est qu'un
symptôme d'un ou plusieurs
problèmes situés en amont sur lequel il est
impossible d’agir
directement : « recule tes
pieds » « ne tombe pas dans ta
selle»,
« redresse ton
dos »…
a) cambrure exagérée : travailler à
partir de la position en suspension,
utiliser les assouplissements à cheval comme toucher les
épaules ou les
oreilles du cheval en conservant le rythme. Faire comprendre le
voussement du rein
puis envoyer son bassin à l’intérieur
de ses coudes en se levant…
b) épaules en avant : faire trotter le cavalier en
avançant son ventre entre
ses avant-bras et rallonger les étriers permet, peu
à peu, au dos, de se
verticaliser.
c) traction avec les mains et jambes en avant : raccourcir les
étriers, faire
tenir un collier, travailler à partir de la position en
suspension, puis
progressivement faire mettre une puis les deux mains sur les cuisses,
sur la
tête, dans le dos ...
d) genou verrouillé : faire travailler en
équilibre sur différentes positions
(debout, plié, sur la pointe des pieds…) et
longueurs d'étriers jusqu'à ce que
le cavalier prenne vraiment conscience de l'articulation de sa cheville
(elle
chauffe), faire écarter les genoux avec les pointes de pieds
ressorties,
revenir à une longueur d'étriers plutôt
longues.
Que
se passe-t-il vraiment pendant
que le cavalier se lève et s’assoit ? Pendant que le cavalier
s'enlève, le diagonal avec lequel il est accordé
propulse le cheval dans la phase de projection. Tandis que le cavalier
reste en
appui sur ses étriers, le cheval frappe le sol avec l'autre
diagonal, et fait
sa seconde phase de projection. Le cavalier reprend contact avec la
selle, au
moment où le cheval frappe le sol avec le diagonal de
départ. Le dos du cheval
est ainsi monté, descendu puis remonté,
tandis que le cavalier restait en
appui sur les étriers. Si vous êtes
très souple et disponible, ces mouvements
du cheval correspondent à une très
légère vibration dans la cheville.
Le cavalier doit céder à la poussée
d’un bipède. En réalité, le
débutant
n’arrive pas à "attendre" la propulsion
d’un bipède, et il fait
lui-même l'effort de quitter la selle. Ce
phénomène donne naissance à un
problème très courant de synchronisation qui peut
persister pendant des années,
le cavalier trottant légèrement en avance sur son
cheval, perturbant
inévitablement la régularité et la
cadence. C’est ainsi qu’on observe parfois
un même cheval transformé sous la selle de
certains cavaliers.
Pour apprendre correctement le trot enlevé :
1/ Etre capable d'amortir les secousses en utilisant les articulations
inférieures : chevilles, genoux, hanches. Commencer par
adopter une véritable
position en équilibre, mains posées devant la
selle, genoux desserrés, chevilles
flexibles, avec la sensation de poids dans les talons. Le genou ne doit
pas
devenir un pivot, sinon le cavalier bascule autour : buste en avant,
jambes en
arrière. Ce point est primordial !
2/ En équilibre, compter les temps du trot "un-deux, un-deux
..." et
fléchir ses articulations en rythme pour effleurer la selle
à tous les
"un" ou tous les deux". Le cavalier doit provoquer son
abaissement vers la selle à partir d'une position haute
où il fait déjà
l'effort de se porter : il écarte un peu les genoux lors de
la descente. Il
laisse la secousse suivante le remonter, et descend plus fort les
talons lors l’élévation. De
cette façon, il ne tire pas avec ses mains, et ses pieds
restent sous ses
fesses.
3/ A partir de la position en équilibre, le cavalier prend
le trot enlevé et
acquiert peu à peu plus de souplesse. La poussée
du bipède commence à enlever
le cavalier qui apprend à attendre son cheval.
L'équilibre du buste se
verticalise, le cavalier pense à se lever en
« suivant sa tête »,
l'appui sur les mains diminue puis cesse.
4/ Toute sa vie, le cavalier perfectionne sa souplesse et son
équilibre sur des
chevaux présentant différents trots, selon leur
conformation, équilibre,
déséquilibre, sur des terrains variés,
et lors de situations diverses où il
peut parfois se servir de la fermeture du genou pour assurer
momentanément son
liant.
Savoir
trotter sur le bon diagonal :
1/ Le cavalier doit d'abord être capable de reconnaitre avec
quel diagonal il
trotte : pour cela, il regarde les épaules, et non les
sabots, du cheval, en
baissant les yeux, sans trop se pencher en avant et sans soulever les
mains
pour regarder en dessous. Il cherche, en comparant, quelle
épaule avance en
même temps qu'il se lève.
2/ Le cavalier doit ensuite être capable de changer de
bipède diagonal à
volonté, soit en restant assis dans la selle, soit en
restant en équilibre :
pour que le cavalier acquiert de la souplesse et de
l'équilibre, lors de ces
changements de bipèdes, il travaille sur des rythmes
modifiés de trot enlevé : (1
assis, 2 enlevé)
1-2 1-2 1-2 : devient 1-1-2 1-1-2 1-1-2 ou encore 1-2-2
1-2-2
En
restant assis, il ne doit pas s'effondrer, ou tomber dans la selle en
rejetant
les épaules en arrière comme au trot assis, mais
amortir la propulsion avec une
assiette liante, ses chevilles et ses genoux, comme en
équilibre 3 points. Si
le cavalier préfère rester enlevé, il
doit descendre au maximum sur ses talons pour
encaisser la secousse comme en suspension, et étirer la
tête vers le haut. S’il
jette ses fesses sur le pommeau de la selle, il risque de perdre
l’équilibre ou
le rythme et de retomber lourdement dans la selle après le
changement de
bipède.
Savoir
changer de diagonal sans perturber le cheval est plus facile assis
qu'en équilibre, mais peu le font vraiment avec
légèreté, car le cavalier
n’est
ni en suspension, ni assis, mais dans un équilibre
intermédiaire et temporaire.
3/ Le cavalier doit ensuite choisir le bon diagonal de façon
systématique,
épaule extérieure et postérieur
intérieur en France par exemple.
4/
Plus tard, le cavalier sensible et léger sera
capable de sentir, et non plus voir, avec quel diagonal il trotte : en
trottant
avec le diagonal droit, à main gauche, la jambe droite du
cavalier ballote plus
que la jambe gauche, le pied gauche s'appuie donc plus
facilement sur son
étrier que le pied droit, la cuisse droite sent le mouvement
de recul de
l'épaule droite, et l'assiette est momentanément
déplacée à gauche. En
reprenant contact avec la selle, la fesse droite
pèse plus dans la selle.
Avec la jambe intérieure plus fixe, le cavalier se sent plus
à l'aise pour
incurver et redresser le cheval sur les courbes. Il sent et sait qu'il
est sur
le bon diagonal.
De
même lors des changements de main, si il veut travailler
l'incurvation
et l'équilibre de sa monture dès le changement de
direction, le passage d'un
diagonal sur l'autre doit être coordonné au
redressement de la tige vertébrale.
On se sert du trot enlevé surtout en extérieur.
Au manège, on ne le pratique
que pour détendre le cheval ou demander des allongements,
car on privilégie l'amélioration
de l’assiette donc le trot assis.
L’amélioration de
l'équilibre au trot enlevé passe, entre autre,
par
l'allègement du temps assis, peu de cavaliers passent du
temps à améliorer leur
trot enlevé, pourtant il apporte dans la locomotion du
cheval d'autres
bénéfices certains :
- Le
diagonal
avec lequel s’accorde le cavalier couvre plus de terrain.
- Ce
diagonal
entraine les hanches de son côté.
- Trotter
sur
le diagonal intérieur fait légèrement
se traverser le cheval et peut l’aider à
partir au galop sur le bon pied en cas de difficulté
- Le
cavalier
peut aussi utiliser ce phénomène pour redresser
un cheval qui se traverse, et
régulariser l’allure.
.
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A
lire :
- - Moyens de tenue
- Position en suspension
- L'assiette
- Rectitude et incurvation
- Assouplissement
à cheval
- - Dorsalgies
du cavalier
- - Le trot enlevé - Lhotte
Bibliographie complémentaire
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