L'Equitation Pédagogique

cheval 
©Laurence Grard Guenard

   santé   Dorsalgies du cavalier et du meneur    


Dorsalgie :
Synonyme de mal de dos, la dorsalgie englobe des pathologies très différentes, qui peuvent être de nature inflammatoire ou mécanique.

Rachialgie : On parle de rachialgie lorsque les douleurs sont localisées sur le rachis (colonne vertébrale). Celui-ci assure une fonction importante dans la locomtotion, et subit des contraintes mécaniques menant à l'arthrose. Ainsi le mot "dorsalgie" n'a pas une définition si générale mais définit une zone de douleur située au milieu du dos. Les deux autres zones sont les cervicales (cervicalgie) et les lombaires (lombalgie).

Plusieurs "maux de dos" font souffrir le cavalier et le meneur :

LE CAVALIER

Les lombalgies : Elles sont très fréquentes chez le cavalier (2/3 des cavaliers vont souffrir des lombaires).
lombalgie statique : gêne douloureuse basse qui apparait suite au maintien de la position debout, dans un délai de moins d'une heure, par exemple, position prolongée débout dans un manège.
lombalgie d'effort : douleur lombaire basse qui apparait le soir à la fatigue, après un travail intensif à cheval, et calmée par le décubitus (position allongée).
lumbago : blocage lombaire douloureux, suite à un effort, faux mouvement, ou traumatisme : sauts d'école, ruades, chutes. Son évolution est très variable.
lombo-sciatique : association d'une lombalgie et d'une névralgie sciatique.

Le cavalier, cet indifférent à la douleur :
Les lombalgies statique et d'effort, extrêmement fréquentes, surtout chez les cavaliers de dressage, sont négligées par le cavalier car elles ne présentent pas une gêne suffisante. De plus, cette gêne disparait à cheval, et le cavalier retrouve un véritable bien-être. Il ne modifie donc pas sa façon de pratiquer, ni en quantité, ni en qualité, ni en intensité. Toutefois, les douleurs tendent à s'améliorer lorsqu'avec l'âge, le cavalier réduit sa pratique.
Par contre, si le cavalier cesse sa pratique pendant une courte durée, quelques jours à quelques semaines, il y a une aggravation des symptômes des lombalgies. Dès que le cavalier reprendra la monte, les symptômes diminueront. Le pas, par exemple, qui est une allure régulière et marchée, semble avoir des vertus sédatives sur ces douleurs.
5% de la population équestre est touchée par des accidents aigus qui évoluent vers la chronicité et un handicap fonctionnel notable. Ce pourcentage n'est pas plus élevé que pour le reste de la population.

Les facteurs :
Fréquence : Les rachialgies sont d'autant plus fréquentes que le cavalier pratique intensément : 66% de cavaliers professionnels montant 8 à 9 heures par jour, contre 33% pour les cavaliers d'une heure quotidienne.
Exercices violents : les réactions de défenses du cheval (sauts de mouton), les sauts d'école (croupade, cabriole, courbette) sont à l'origine de lombalgie d'effort et de lumbago, surtout lorsque le cavalier se synchronise mal avec sa monture.
Attitude en hyperlordose : cette position des cavaliers de dressage favorise l'éclosion ou l'aggravation de lombalgies.
Détériorations discales : elles concernent surtout les régions lombaires L4-L5 et lombaires-sacrées L5-S1 et accompagnent les troubles fonctionnels de lumbago et sciatiques.
Traumatisme : en dehors des fractures, les traumatismes sont responsables de 20% des rachialgies, qui se manifestent par une raideur sans lésion radiographique, mais d'une durée importante allant facilement jusqu'à un mois. Il est alors possible de craindre une entorse intersomatique postérieure.

Fonctionnement et amélioration :
La sollicitation de la musculature vertébrale profonde a un effet bénéfique, car c'est elle qui soutient le tronc. Le cavalier doit effectuer et maintenir un auto-agrandissement actif dès qu'il se trouve en selle. Le paradoxe fait donc apparaitre l'équitation comme une activité sportive interessante pour le rachis.
La musculature de la sangle abdominale permet de maintenir le bassin dans la bonne direction.
L'échauffement articulaire et musculaire est indispensable : rachis, articulations coxo-fémorales, et surtout les adducteurs, dont le claquage est fréquent.
L'éducation du geste sportif juste permet au cavalier de s'adapter à toutes les allures, même les plus traumatisantes comme le trot assis, et d'acquérir du liant, à condition que l'éducation du geste soit bien enseignée.

dos du cavalier
assiette normale : bassin en retroversion par rapport à la position débout, courbure lombaire en lordose effacée, parallélisme des espaces discaux
rein voussé : retroversion accentuée, courbure lombaire modérément inversée, espace discaux sensiblement parallèles
rein creux : bassin en antéversion, lordose lombaire importante, surchages des massifs articulaires postérieurs


Les enfants à cheval :
Pour les cavaliers qui ont commencé la pratique entre 7 et 9 ans, les dystrophies rachidiennes de croissance (DRC) peuvent atteindre 70 % de la population (74% chez les jeunes Judokas de haut niveau). Chez les cavaliers professionnels ayant commencé l'équitation après la puberté, les DRC n'est que de 45%.
Il n'apparait pas de contre-indiquer la pratique de l'équitation à des jeunes atteints par la scoliose, si elle n'est pas douloureuse et si elle est d'un angle inférieur à 30°.

A lire également :

Les Lombalgies et l'Equitation - du Dr Bernard Auvinet
Pathologies et Cavalier d'Endurance - Du Dr R. Gagnaire



LE MENEUR

Myalgie :  Ce terme englobe toutes les douleurs musculaires du corps charnu du muscle.
courbature : endolorissement qui disparait avec le repos.
crampe : spasme tonique musclaire douloureux
élongation : micro-déchirures sur les fibres musculaires
contracture : contraction durable et involontaire d'un muscle, accompagné de rigidité. 
déchirure : hématome provoqué par uen petite déchirure des fibres musculaires
claquage : rupture,  la suite d'un effort violent, de quelques fibres d'un muscle non encore échauffé ou fatigué.
rupture complète : plus grave, elle peut nécessiter une opération chirurgicale

Contracture :
La contracture est fréquente chez le meneur, surtout débutant, qui adopte une mauvaise position assise. Elle est principalement localisée dans les gouttières vertébrales et cause des douleurs dorsales lancinates et prolongées. La zone indurée et douloureuse nécessite des massages réguliers, la douleur dure 10 à 20 jours avec du repos. La contracture peut atteindre une phase aggravée d'engourdissement du milieu du dos.

Les facteurs :
La contracture musculaire est le signe d'une souffrance du muscle : utilisation excessive qui dépasse les résistances physiques du muscle.
- facteurs positionnels : en position assise, la pression discale (pression sur les disques intervertébraux) augmente de 40% par rapport à la position débout. Si la position est mauvaise à cause d'une voiture mal concue ou trop petite, ou à cause d'une position voutée, dos rond, les muscles abdominaux se relachent, et ce sont les muscles du dos qui se contractent.
- efforts musculaires statiques : le maintien d'une posture immobile, assis dans la voiture, induit des efforts statiques, c'est à dire, en résistance. Ils sont beaucoup plus pénibles que les efforts dynamiques (avec mouvement), car les déchets métaboliques ne sont pas évacués, ils s'accumulent dans le muscle provoquant douleur et fatigue.

Fonctionnement et amélioration :
Ergonomie : Aucune position assise n'est bonne pour le dos, mais il existe des inclinaisons qui limitent la pression discale : des études ont démontré que s'il y a un angle de 95 à 115° entre le siège et le dossier, les pressions diminuent fortement. Au délà de 130°, elles ne diminuent plus mais ne ré-augmentent pas. L'utilisation d'un véritable siège de meneur, réglé en hauteur et profondeur permet de réduire considérablement les douleurs dorsales.
La ceinture abdominale qui participe au maintien du dos doit être renforcée.
Une restructuration vertébrale passant par une ré-éducation posturale est nécessaire et doit être bien enseignée, dès le début.
L'échauffement musculaire permet de reduire la fatigue.
Le stretching, les douches ou bains très chauds permettent de soulager la douleur. Le repos est à déconseillé !