L'Equitation Pédagogique

cheval
©Laurence Grard Guenard

     Trotter enlevé   pédagogie



Le trot est une allure sautée à deux temps : le cheval avance par bipèdes diagonaux séparés d'une période de suspension.
  • Poser, Appui, Propulsion du diagonal droit
  • Suspension
  • Poser, Appui, Propulsion du diagonal gauche
  • Suspension
Une demi-foulée de trot
trot

Le cavalier, pour économiser sa monture et lui-même, adopte une activité qui lui permet d'échapper à une secousse sur deux, c'est le trot enlevé. Le trot enlevé a été introduit en France par le général L'Hotte (1825 -1904) pour le soulagement des hommes et des chevaux de l'armée.

La progression du cavalier dans cet encaissement du trot tient compte de sa déstabilisation.
Au galop 2, le cavalier recherche son équilibre enlevé sur une monture qui sait trotter à vitesse constante. Il doit acquérir le rythme.
Au galop 3, le cavalier doit savoir reconnaitre avec quel diagonal il trotte.
Au galop 4, le cavalier doit trotter avec le bon diagonal sur des changements de directions rapprochés, et acquérir des sensations de l'équilibre latéral du cheval.
Au galop 5, le cavalier stabilise son trot enlevé en utilisant les terrains variés : montées et surtout descentes où c'est plus difficile.
Au galop 6, le cavalier recherche son équilibre au trot enlevé sur des variations d'amplitudes, surtout des allongements.
Au galop 8, le cavalier perfectionne l'adéquation du diagonal et de son équilibre sur des déplacements latéraux.

Comment trotter enlevé ?
Selon l'enseignement fédéral," le cavalier penche son buste en avant et décolle les fesses de la selle en prenant souplement appui sur ses étriers. C'est la poussée d'un bipède qui l'enlève de la selle. Le cavalier répartit alors son poids entre son talon et son genou. Il se rasseoit près de la selle quand le même bipède reprend contact avec le sol. "
Cette description pose problème à qui ne connait pas le mécanisme et veut l'apprendre : le cavalier est-il actif ? Il décolle les fesses en prenant appui sur ses étriers ? ou bien est-il passif ? C'est la poussée d'un bipède qui l'enlève ? Il prend appui ses ses étriers ? ou sur ses genoux ? ou les deux ?
Ce tatonnement imprécis (peut-être encore cherche-t-on à utiliser la méthode de pédagogie active si efficace ???) fait perdre du temps au cavalier et de l'énergie au cheval. En outre, toute recherche par tatonnement conduit à des comportements érronnés, qui s'ancrent très facilement dans le système de coordination motrice, ou devrais-je dire d'incoordination ? Ainsi, nombres de cavaliers conservent à un niveau relativement "élevé" une technique approximative, compensée par du matériel ou des aides artificielles, et n'atteignent jamais la Légereté qui pourtant permet un dialogue invisible entre le cheval et son cavalier.

Trotter enlevé - Général L'Hotte (extrait de Questions Equestres)

Avec cette manière de trotter, le buste du cavalier se porte alternativement en avant, puis en arrière, pour revenir à sa position primitive. Ces déplacements marchent d'accord avec le lever et le poser d'un même bipède diagonal. Le cavalier reçoit la réaction produite par la détente du bipède avec lequel il s'accorde et y cède, en inclinant légèrement et progressivement le buste en avant. Puis, prenant un léger appui sur les étriers, il se maintient, un instant dans cette position, les fesses près, mais isolées de la selle, pendant que se produit la détente de l'autre diagonal, dont la réaction est ainsi évitée. Le fond de la selle est repris en même temps que le diagonal, avec lequel on trotte, revient au poser.
Avant d'aller plus loin, je ferais remarquer que je dis : avec, et non sur, ainsi qu'il est dit communément, parce que cette dernière expression peut prêter à confusion, le cavalier prenant appui sur ses étriers, au moment où le diagonal, opposé à celui avec lequel il doit s'accorder, fait sa battue.
Les avantages que présente le trot enlevé sont nombreux.
Le cavalier, tout le premier, en a retiré de grands bienfaits, n'ayant plus à supporter qu'une réaction sur deux, et encore celle-ci se trouvant singulièrement amortie.
Le cheval, autant que le cavalier, plus que lui peut-être, tire bénéfice du trot enlevé, en ne recevant plus, à chaque battue, la secousse à laquelle sa tige dorsale, ébranlée, devait résister. L'allure devient plus coulante, s'étendant d'elle-même aussitôt que le temps d'enlevé est pris.


trot

On se sert du trot enlevé surtout en extérieur. Au manège, on ne le pratique que pour détendre le cheval ou demander des allongements car l'assiette n'est assurée que pendant un bref instant. En effet, l'amélioration de l'équilibre au trot enlevé passe, entre autre, par l'allègement du temps assis, et dans les manèges, on recherche l'amélioration de l'assiette par le trot assis... Pourtant le trot enlevé possède, pour la locomotion du cheval, d'autres bénéfices certains :

Trotter enlevé - Général L'Hotte (extrait de questions équestres)

Les déplacements du buste que comporte le trot enlevé, bien que maintenus dans des limites restreintes, n'en exercent pas moins sur le cheval une action assez sensible pour que le diagonal, avec lequel le cavalier marche d'accord, couvre plus de terrain que l'autre. Tout cavalier qui a pratiqué le trot enlevé avec un peu d'attention a pu s'en convaincre.
Voici l'explication de ce que la pratique constate :
Supposons que le cavalier, trottant avec le diagonal droit, vient de recevoir la réaction produite par la détente de ce diagonal et y cède. Lorsque, l'inclinaison du buste en avant arrivant à sa limite, le cavalier pèse sur les étriers, c'est l'instant où se produit tout l'effet de la détente du diagonal gauche, qui fait cheminer et chasse en avant le diagonal droit, en ce moment au soutien. Celui-ci gagne alors d'autant plus de terrain que le poids du cavalier, porté en entier vers les épaules, l'y sollicite.
Lorsque le diagonal droit arrive, à son tour, au poser, c'est l'instant où le cavalier prend le fond de la selle, et pour cela, il se laisse aller en arrière, se trouvant ainsi porté vers les hanches, amortit l'effet produit par la détente du diagonal droit et, par suite, restreint l'embrasse de terrain du diagonal gauche, alors au soutien.
En dehors de l'influence exercée par ces deux translations de poids inverses, dues aux déplacements du buste, il faut remarquer que, le cavalier se trouvant isolé de la selle au moment du poser du diagonal gauche, la détente de celui-ci s'en trouve encore favorisée. Tandis que, le contact avec la selle étant pris au moment du poser du diagonal droit, le choc qui en résulte, quelque léger qu'il soit, contrarie néanmoins la détente de ce diagonal. L'effet de ce choc est, d'ailleurs, rendu plus sensible, par suite de l'instant où il se produit et qui répond au départ même de la détente.
Le diagonal avec lequel trotte le cavalier, en gagnant plus de terrain que l'autre, a pour conséquence d'entraîner les hanches de son côté et, par suite, de les faire dévier à droite, si c'est avec le diagonal droit que le cavalier s'accorde.
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L'effet est appréciable chez tous les chevaux, mais particulièrement chez ceux qui, par le dressage, ont acquis une position rigoureusement droite. Chez ceux-ci, une seule promenade, faite en trottant toujours avec le même diagonal, suffit pour porter atteinte à la rectitude de la position. Que, le lendemain, le cheval soit monté au manège, et, au début du travail, on s'en apercevra.
Chez certains de ces chevaux confirmés dans la position droite, il s'en trouve même qui sont assez impressionnés par les déplacements du corps du cavalier, pour que, dès la première battue, les hanches dévient soit à droite; soit à gauche, lorsque le cavalier passe alternativement d'un diagonal à l'autre.
Il faut donc trotter tantôt avec l'un, tantôt avec l'autre, afin que le trot enlevé ne porte pas atteinte à la rectitude de la position du cheval, par suite, à la régularité de ses mouvements, et aussi pour égaliser le travail de ses membres.
Rarement le cheval qui n'y a pas été préparé présente une égale facilité pour être trotté indistinctement avec l'un ou avec l'autre diagonal.
La préférence pour l'un d'eux trouve souvent sa source dans les imperfections de sa structure, la nature paraissant si souvent s'être négligée dans une partie de son oeuvre. D'autres fois, c'est la conséquence d'une fausse position résultant d'habitudes acquises.
Toujours est-il que, chez le cheval présentant un écart un peu accentué à la position droite, le trot enlevé est pris aussi facilement avec le diagonal du côté où le cheval se traverse que difficilement avec le diagonal opposé.
Dans ce cas, on voit des chevaux perdre tout le brillant de leurs actions et ne plus présenter qu'embarras et confusion dans leur mouvements. Il y en a même qui se trouvent tellement gênés qu'ils font un véritablement changement de pas pour que les sollicitations exercées par le corps du cavalier, cessant de contrarier leur position traversée, marchent d'accord avec elle.
Il est à remarquer aussi que, soit par un fait d'habitude, soit par suite d'irrégularité dans leur position, bien des cavaliers ont une prédisposition marquée pour trotter toujours avec le même diagonal et éprouvent une grande difficulté pour passer de ce diagonal à l'autre. Pour ce faire sans interruption, il suffit de recevoir les deux réactions qui se succèdent et, au lieu de céder à la première, de céder à la seconde.
L'absence de toute préférence pour un diagonal parle presque autant en faveur du cavalier qu'en faveur du cheval.

Le cavalier trouve, dans cette manière de trotter, des ressources pour redresser le cheval qui se traverse, régulariser l'allure, obtenir le galop sur le pied que le cheval se refusait de prendre.
Pour atteindre ce dernier résultat, le cavalier doit trotter avec le pied sur lequel le galop ne peut s'obtenir, et allonger progressivement l'allure. Lorsque, arrivé au bout de son trot, le cheval ne pourra plus conserver cette allure, il sera entraîné à prendre de lui-même le galop du côté où il se traverse, partant, sur le pied gagnant le plus de terrain et qui est celui avec lequel trotte le cavalier.

Lire le complément de cet article sur cheval savoir : le trot enlevé
Comment trotter enlevé correctement ?
les défauts du débutants au trot enlevé, comment les résoudre ?
Apprendre à trotter sur le bon diagonal.
Les bienfaits du trot enlevé sur le travail du cheval,
De nombreux croquis explicatifs ...

A lire :
- Moyens de tenue
- Position en suspension
- L'assiette
- Rectitude et incurvation
- Assouplissement à cheval
- Dorsalgies du cavalier

Bibliographie complémentaire