L'Equitation Pédagogique

pédagogiemars 2013

La suspension ou l'équilibre sur les étriers

La position en équilibre ( sous entendu - sur les étriers) etait appelée aussi position en suspension. Ce terme n'est plus à la mode actuellement, pourtant il est plus adapté car le cavalier assis est également en équilibre. La position en suspension est la position type du cavalier à l'obstacle et de l'équitation d'extérieur.

Cette position n'est pas la même que dans la position haute du trot enlevé, quoiqu'en disent certains manuels ! L'encaissement de la locomotion du cheval se fait par le jeu souple des articulations basses : hanches, genoux, chevilles. Le cavalier est un petit ressort posé sur les étriers.

Historiquement, cette position est découverte par Caprilli (1868/1907) lorsqu'il recherche une position économique pour les hommes et les chevaux dans l'équitation de campagne. Le cavalier en suspension laisse plus de liberté au cheval et intervient le moins possible. Cette équitation est perçue comme plus naturelle. Les premiers à l'adopter après l'Italie, sont les russes, et certains anglo-saxons, mais les grandes puissances équestres restent réservées : France, Allemagne, Autriche-Hongrie.... C'est à partir de 1914 seulement qu'elle se répand et devient la façon de monter à l'obstacle.

Principes de Caprilli

  • genoux serrés contre les flancs
  • assiette donnée par les genoux et les muscles des cuisses
  • corps incliné vers l'avant, surtout dans la troisième partie du saut

La révolution caprilliste a l'avantage de rompre le cordon ombilical avec l'Equitation de manège. Les recherches ont continué et la position en suspension est, depuis, devenue beaucoup plus souple. Les genoux et les cuisses ne doivent pas constituer un moyen de tenue car ils nuisent au bon équilibre du cavalier.

La bonne position

Comment la juger ? comment la travailler ?

L'étrivière doit rester verticale : ce point est un des principaux observables utilisés par les enseignants. Pour ceux qui ont un bon sens de l'observation, il est possible de percevoir aussi la fermeture du genou, la contraction partielle du cavalier dans ce cas.

suspension
©Laurence Grard-Guenard

Pour faire travailler ses articulations au cavalier, l'enseignant se sert d'une série de barres au sol ou de cavaletti, et les fait passer dans différents équilibres au trot :

Ces deux derniers exercices permettent de bien sentir les flexions de la cheville. Même pour un cavalier qui ne saute pas, la prise de conscience de l'existence et du fonctionnement de cette articulation est bénéfique. On voit trop souvent des cavaliers trotter enlevé en prenant appui sur les genoux, le bas de jambes est fixe ou pas, inerte ou accroché, mais ne peut plus jouer son rôle.
Attention au dernier exercice, sur la pointe des pieds, où le blocage du genou est très fréquent, surtout si le cavalier ne tient ni la crinière, ni un collier. Le serrage du genou entraine le recul du bas de jambes (position 2) : dans le cas d'un jeune cavalier, il va perdre l'équilibre et tomber sur l'encolure, dans le cas d'un cavalier confirmé il compensera avec ses adducteurs (cuisses) mais bloquera dans une certaine mesure la locomotion du cheval (en croyant parfois l'alléger, en plus !)

Un autre exercice consiste à faire varier les positions sur le plat, en se concentrant sur la fixité de la jambe (souplesse et efficacité). Le cavalier se met en équilibre 2 temps de suite au trot, ou deux foulées au galop, par simple fermeture et ouverture des genoux. Au fur et à mesure, le cavalier doit pouvoir conserver ses aides lors du changement de position et sans effort supplémentaire. Le cavalier souple passe d'une position à l'autre, amortit, compense, annule les variations susceptibles de gêner son efficacité.

Le genou : le nerf de la guerre ?

Avec des étriers raccourcis, indispensable pour monter en suspension, le cavalier perd en solidité latérale. Masse transporté par une autre masse, il subit les effets de l'inertie. En équitation rapide (sauts d'obstacles, cross), au cours de laquelle le cheval peut avoir des mouvements imprévus et imprévisibles, la simple assiette ne suffit pas, comme en manège. Il faut un fort moyen de tenue pour éviter de tomber lors des écarts, refus, et autres dérobades. Ainsi, mais en de très rares occasions, le cavalier aura besoin de fermer les genoux sur son cheval pour assurer sa stabilité.

Lire aussi :
Les muscles en fonction dans l'assiette
Les moyens de tenue
L'assiette
L'assiette légère par Helga Muller

Bibliographie: