L'Equitation Pédagogique

pédagogie

Les galops de Pleine Nature

Aujourd’hui, 27 septembre 2010, j’allais suivre une formation PN. Non, il ne s’agit pas d’une étude sur les Pervers Narcissiques, mais une formation de Pleine Nature et plus précisément des galops spécifiques mis en place par la FFE en … 2000 !

Théorie : de vrais galops

Les galops de Pleine Nature ne sont pas des sous-galops, ni des sur-galops, ce sont juste d’autres galops. Ils conservent toutefois un tronc commun avec les galops de cavalier de par leurs objectifs techniques (s’équilibrer, avancer, tourner) et leurs théorie et soins. Les protocoles d’épreuves à cheval sont tout autre, et il est ajouté deux modules à chaque niveau : connaissance du milieu et topographie.
Pendant une première heure, Thierry Maurouard, entraineur national de TREC et Champion du monde de la discipline, nous détaille le programme de différents galops ainsi que les protocoles, mettant le point sur des impératifs tels que :

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Protocole du Galop 4 : Ne pas séparer les blocs représentés par la colonne "allure"

La philosophie est ainsi définie : le cavalier d’extérieur aime passer du temps avec sa monture et progresser dans les difficultés, à pied ou à cheval, il ne regarde pas sa montre pour faire « son heure montée». Une comparaison nous est proposée avec le CSO (plus de 80% de l’activité fédérale – vraiment pas originaux ceux qui font du CSO), où un cavalier fait un parcours de moins d’une minute après un échauffement d’une demi-heure. Au contraire le cavalier d’extérieur qui pratique les TREC passe la journée à cheval sur ses différentes épreuves, il a vraiment pratiqué son activité une journée complète, rempli des contrats, vaincu des difficultés, rencontré des problèmes, et le souvenir de cette journée n’est pas conditionné à son seul classement dans l’épreuve.

A partir du galop 6, la notation diffère ; chaque figure est notée sur 20. La subjectivité n’entre pas encore en ligne de compte car, comme au hunter, les points sont décomptés à partir d’un barème de pénalités. Chaque erreur coute ainsi entre 3 à 10 points. L’élimination est possible. Enfin, la subjectivité prend une petite place : apparaissent des notes d’ensemble !!!

La pratique

Voilà pour la théorie ! Nos petits cobayes, des BPJEPS en formation à Compiègne se mettent à cheval tandis que les enseignants font la reconnaissance du parcours galop 3 préparé par Laurence Denis du centre équestre des "Chevaux d'Agnetz".
Le travail commence par les épreuves en main. Ne connaissant pas ce travail et manquant de « sentiment équestre », les cobayes font quelques erreurs pardonnables : tenue du cheval trop près de la bouche, marche trop lente, longueur de rênes trop courte, tirer sur les rênes pour faire avancer, oublier de remonter ou croiser les étriers…
S’en suit le montoir à droite. Une seule cavalière monte correctement. Thierry fait d’ailleurs la remarque qu’un cavalier ne doit pas monter en tirant sur le troussequin, mais une main sur l’encolure et une main sur l’avant de la selle (pommeau ou quartier opposé). Un détail , mais c’est une somme de petits détails qui font toute la différence en équitation entre un bon et un moyen.
La difficulté du parcours semble être l’enchainement « saut au galop, transition trot, à 15m passage de barres au sol au trot ». Trop de mains, beaucoup de raideur, un cheval qui saute les barres au lieu de s’exprimer au trot, une jument qui passe honnêtement malgré quelques désordres, et le tonton du club qui fait l’exercice comme s’il avait un galop 3 sur le dos, en sous-impulsion totale !!!
Le galop 3 PN doit être capable, après un saut qui demande une certaine impulsion à un cheval, de demander une transition de qualité pour obtenir un trot cadencé et équilibré permettant de passer des barres au sol (un sacré travail tout de même) ou bien il bénéficie d’un excellent cheval rompu à l’exercice.
Par contre, les départs au galop dans les courbes à partir du trot étaient abordables, et il y a eu des départs à faux, des galops désunis, de l’arrachage de dents digne du moyen-âge, de la torsion d’encolure… le tout répété sur le contrebas, cavaliers mains en l’air et/ou accrochées aux rênes …
Malgré tous ces désordres, les cobayes galops 7 obtiennent cette épreuve du galop 3 PN mais pas haut la main. Les galops Pleine Nature valident dont la résolution de difficulté sans porter beaucoup d’importance à la manière dont c’est fait. En tout cas, c’est l’impression qui se dégage de cette première partie, avec un sentiment d’insatisfaction partagée par quelques enseignants quant à la qualité de l’équitation dont nous avons été témoins. .

4 cobayes se remettent à cheval pour l’épreuve galop 6 de l’après-midi. Deux auraient suffi.
Au protocole du galop 6 PN, la qualité des aides est enfin jugée ainsi que l’attitude du cheval. Certains enseignants seront alors très sévères, ou plutôt, très justes. Si certains cobayes s’en sont assombris, qu’ils se rappellent des paroles de Thierry au début de la journée : ceci est à prendre comme une évaluation formative. Tous les points évalués permettent de faire un bilan pour définir des objectifs, en vue de combler les lacunes d’une part et de perfectionner ce qui va bien d’autre part. C’est donc à prendre comme un outil de travail pour aider l’élève et non comme un jugement dernier avant une condamnation suprême. Ils sont là pour apprendre, autant que nous.
L’enseignante du club est quand même très heureuse de ne pas avoir laissé sa propre jument à ces débutants PN au vu de leurs prestations brutales. On est donc tous bien d’accord.
On n’était pas là pour apprendre à faire du TREC, ni les trucs et astuces indispensables. A priori, enseignants intéressés par ces galops spécifiques, il était sous-entendu qu’on savait à peu près de quoi nous allions parler. Les cobayes : non. C’est dommage car nous n’évaluions pas des cavaliers pleine nature sur un parcours de leur niveau avec une philosophie intégrée, mais des cavaliers classiques étrangers à ce concept. En fin d’après-midi, nous assistons quand même à une petite leçon de reculer selon trois procédés : les deux rênes écartées à peine tendues, la main posée sur le nez poussant délicatement pour déclencher le mouvement, le doigt sur l’épaule aussi discret que la main. Voilà le maitre mot, enfin ! Discrétion des aides !!!
Thierry aurait peut-être du intervenir plus souvent vis-à-vis des cobayes inadéquats. Du coup, je n’ai pas bien compris quelle sorte de pédagogie devait être employée pour cette pratique : Active ? Directive ? Laisse-t-on tâtonner les cavaliers ? Leur explique-t-on ? Comment ? Avec des limites ?
Est alors abordé le travail avec un « cheval de main », cheval bridé, rênes tenues dans la main droite du cavalier, tenant les rênes de son propre cheval dans la main gauche. Pour un premier travail de la sorte, c’était plutôt pas mal. Occupés par le deuxième cheval, les cavaliers ont un peu moins bloqué le leur.
Cette évaluation du Galop 6 PN nous a fait beaucoup dévier, à mon sens, de la formation prévue. Le manque de technicité des cavaliers a monopolisé notre regard critique. Par là même, le G6PN nous est alors apparu pas si simple à passer.

Le tout rapproché dans l’espace pour un enchainement très rythmé. Une petite réserve à cette présentation : réalisée dans un cadre sécurisé, elle ne reflète pas la réalité de l’immersion dans la nature.
Notons également que nous n’avons vu qu’une infime partie de ce qu’un G6PN représente, car à cela, il faut ajouter les autres épreuves, notamment un parcours d’orientation avec carte et boussole, la théorie, la connaissance du milieu et la topographie théorique. Deux cavaliers en moins et l’abord de ces notions avec plus de précision auraient été plus judicieux. J'aurais aimé qu'on voit les autres épreuves, même par exemple, à quoi pouvait ressembler un questionnaire théorique de Galop 6PN, ou bien un parcours d'orientation sur une carte IGN avec les pièges invisibles expliqués...
Cet après-midi ressemblait en fait à une animation de club bateau de type Equifun, une espèce de mixage de pony-games, cross, maniabilité et éthologie : une installation sur laquelle on a amusé des cavaliers. Dommage que la journée se soit conclue alors par « il faut animer son club » « J’espère que cela vous a donné des idées pour occuper vos cavaliers »… et qui donne, à tord, une image superficielle à l’activité si je la compare à l’impression que m’a laissé Laurence Denis, passionnée quand elle parle de ce qu’elle fait, et de cette équitation d’extérieur qui comporte de vrais savoirs, savoir-faire et savoir-être.

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Protocole du Galop 6

Pour conclure

Les GPN visent à valider l’efficacité des cavaliers à sortir en extérieur en toute sécurité et surmonter des difficultés qu’ils peuvent y rencontrer : savoir s’orienter pour ne pas se perdre, reconnaitre les plantes toxiques, affronter les difficultés du terrain varié sans danger ni pour eux ni pour leur monture, savoir prendre la décision de descendre pour des passages délicats, pouvoir aider un autre cavalier en difficulté… En un mot, être responsable et autonome, bien plus vite que les cavaliers classiques pour lesquels sortir du manège pour aller sur une carrière représente déjà un problème.
A partir d’un certain niveau, force est de constater que l’efficacité ne peut plus se passer de la technique : savoir éduquer un cheval à pied, mettre un cheval en équilibre, dans l’impulsion, qu’il soit souple, et que les aides se fassent de plus en plus discrètes.
Les GPN forment donc des cavaliers à la même équitation que les galops classiques, mais dans un contexte différent pour une pratique orientée sur le loisir extérieur.

A la fin de cette journée, une question se pose : à quoi servent les galops classiques ? A travailler une position, des aides fines, faire un « beau » cavalier discret et efficace ? Au regard des cobayes, l’équitation classique n’a pas rempli son rôle !

Maintenant, je suis très curieuse et impatiente de suivre des cours ou un stage d’équitation de pleine nature, pour me rendre compte de la relation enseignant/enseigné, de la pédagogie utilisée, et du contexte réel … Mais il va falloir attendre les beaux jours ?

Les BPJEPS

Pendant que les élèves-moniteurs détendent leur cheval, des appréciations diverses fusent le matin comme l’après-midi : manque de souplesse, de fixité, de liant, brutalité, raideur, accroché jambes et mains, pas de travail du cheval, sous-impulsion, absence d’équilibre, une simple utilisation, même pas sur la main… mais coincés, pas de trot sur le bon diagonal, épaules qui pompent au galop, talons remontés, mains qui gesticulent en permanence…
Un seul passage du slalom au galop sur les huit nous a plu (après-midi). Tous sont restés dans le contrôle exacerbé du balancier d’encolure, figés comme des statues alors que le cheval avait besoin de sa souplesse. De même, une cavalière trotte en regardant son cheval et en le coinçant au lieu d’aller vers un endroit avec lui. Les couples semblent handicapés.
Au moment de monter, ils geignent, râlent, se plaignent, ne veulent pas monter, sont malades, ou bien le cheval est trop grand, trop raide, boiteux …Ceux qui ne montent pas, pas moins lâches, les charrient !
Le désintérêt pour la formation est également largement remarqué : promenade du chien, écriture de textos, bavardage gênants pendant la théorie et la pratique, ignorance des évaluations des autres, intérêt seulement pour son propre résultat et non le savoir-faire ou la démarche pédagogique… Dommage car, pour eux, les appréciations étaient là pour repérer les carences et les manques dans le seul but d'y apporter des solutions. En expliquant la performance, et en élucidant la nature des difficultés, elles permettent d'aider celui qui apprend. Mais les cavaliers ne voulaient pas apprendre, ils voulaient juste savoir : « je l’ai ou je l’ai pas ? ».
Aucun ne tire enseignement de la remarque de Thierry pour monter à cheval : en n’essayant même pas de corriger leur façon de monter, en gardant de façon désinvolte la main sur le troussequin, ils ignorent les conseils de l’entraineur national, refusent de progresser … ? Je ne comprends pas cette attitude. Quand, un peu plus tard, il s’approche pour conseiller le reculer à pied, il est obligé de rattraper la cavalière qui ne l’écoute / attend pas… , qui n’est pas dans une démarche d’apprentissage.
Un panel d’employeurs potentiels a donc pu être témoin de l’ensemble de leurs comportements à pied et à cheval, de leur intérêt et de leur respect des autres, ce qui les servira et les desservira un jour ou l’autre.

L'avis d'Isabelle Fockeu

J'ai participé à une formation sur les galops pleine nature avec des explications théoriques sur les grilles d'évaluations.
Cependant, ce que j'ai vu en pratique ne correspond nullement a une formation "extérieur" mais a du complet ! Le tourisme équestre est loin de ressembler à du trec ou du complet !
De ce que j'ai pu remarquer, la démonstration a été faite par des élèves-moniteurs BPJEPS EQUITATION, niveau galop 6 et 7. Or, certains ont pris la présentation du galop 3 pleine nature, donc facile pour des cavaliers de ce niveau, et ils n'ont fait aucunement attention aux chevaux (respect du cheval) pas plus qu'aux autres cavaliers (injures entre cavaliers).
La seule chose qui les a motivé était le résultat par n'importe quel moyen !
Pour faire passer des galops de pleine nature, et cela le dit bien : "pleine nature", on travaille, non pas en carière avec de fausses branches basses et de faux obstacles... Les contre-hauts et les contre-bas sont naturels et non fabriqués par l'homme, et en extérieur / randonnée, on ne saute pas les contre bas, mais on apprend aux chevaux à les descendre dans le calme, et à conserver un comportement intelligent, réfléchi et correct envers les clients qui nous suivent.
Or, les futurs dirigeants ou enseignants, s'ils parlent et s'ils montent à cheval comme ceux que j'ai vu, feront soit perdre la clientèle au centre équestre basé sur l'extérieur, soit ils n'arriveront pas à sortir un centre équestre digne de ce nom.
La deuxième présentation, niveau galop 6, a été encore plus lamentable : non respect du cheval, non respect des cavaliers, abords des dificultés sans gestion du terrain ni de sa monture, aucune indication pour le cheval d'où les refus...
Pour ma part, moi qui suis GUIDE PROFESSIONNEL DE TOURISME EQUESTRE depuis 15 ans, et cavalière au long cours depuis 35 ans, ce fut pour moi horrible de voir ces futurs cavaliers qui vont former des enfants, des ados ou des adultes en extérieur, voire dans les autres diciplines !!!
A leur niveau, je n'ai vu que de vulgaires cavaliers posant leurs fesses sur un cheval sans être en harmonie avec leur monture : aucune communication fluide de leur part, le cheval devant subir leurs gestes parasites et leurs corrections à la cravache ! Si c'est cela l'équitation de ce niveau (galop 7) alors nous sommes perdus ! Je n'ai pas la possibilité de former des cavaliers et de faire passer ces galops de pleine nature, mais la seule chose que je sais, c'est que tous les cavaliers qui passent chez moi, de 2.5 ans à 77 ans, sont des cavaliers respectueux de la nature, de l'environement et des autres. Ils sortent en balade et surtout sont dans le respect, et dans une communication et une harmonie parfaite avec leur monture, qui, à la base doit être un compagnon de route auquel on confie sa vie et inversement.

Pour valoir ce que de droit
mme FOCKEU ISABELLE GPTE 80260 NAOURS

Voir aussi :
Les Chevaux D'agnetz
CREP, d'Isabelle Fockeu
La pratique libre

Bibliographie :