Les exigences ont changé, les contenus aussi. Parmi les savoirs qui ont perdu en visibilité, un domaine se fait particulièrement discret : celui du fonctionnement du corps humain.
Le BEES 1er degré comportait un tronc commun interdisciplinaire, avec des bases en physiologie, anatomie, biomécanique et psychologie. On y étudiait les groupes musculaires, les systèmes énergétiques, les effets de l’effort...
Toutefois, même dans cette formule, l’être humain était souvent abordé sous l’angle du sportif générique : sauteur, sprinteur, gymnaste... mais sans application directe au cavalier à cheval !
Avec la création du BPJEPS, d'abord en 10 UC, puis 4 UC, et maintenant en 4 blocs, toute la physiologie du corps humain a disparu. L’accompagnement pédagogique, la sécurité, la gestion de l’activité et aujourd’hui la communication sont devenus prioritaires.
Le fonctionnement du corps humain ? Pratiquement absent, en tout cas guère plus que ce qui est déjà à la portée de tous les cavaliers dans le programme des galops.

Les muscles en fonction dans l'assiette (voir article) ©Laurence Grard-Guenard
Rien n’oblige aujourd’hui un formateur — car même l’animateur poney est un formateur — à parler, que dis-je, à connaître le squelette ou les muscles du cavalier.
Le programme des Galops impose aux cavaliers d’apprendre les muscles et le squelette du cheval dès le Galop 5. Ces domaines sont approfondis en formation... mais le cavalier ne rejoint jamais vraiment le cheval.
En 2005, j'ai créé deux sites pédagogiques aux fins de partage et d’entraide. Rapidement, j’y ai proposé des réflexions et des outils autour de l'utilisation du corps du cavalier et du meneur, pour répondre à une injonction que nous connaissons tous :

Dans cet océan de flou, le livre de Stéphane Liger fait figure d’étoile polaire.
Clair, documenté, rigoureux et surtout accessible, il propose un véritable parcours de compréhension de l’adaptation du corps humain à la posture à cheval.
Tout en gardant les possibilités locomotrices DE L'HUMAIN en tête, il explique, dans la seconde partie, comment construire un plan de formation cohérent : définir des objectifs concrets, concevoir ses séances pas à pas, et surtout les mettre en œuvre avec méthode.
Une vraie méthode, pas celle qui consiste à répéter d'éxécuter un geste alors que le cavalier a atteint ses limites biologiques.
Il rappelle que le rôle de l’enseignant est de construire une progression qui accompagne l’apprenant, sans chercher à lui « injecter » des connaissances. De construire une progression à partir de l'étude de l'adaptation fonctionnelle du cavalier.
Bien sur, il "anime" sa séance, mais surtout, il guide, explique, observe, propose des retours d'information et encourage !
Stéphane Liger favorise également une pédagogie active, où l’élève est invité à être curieux, à explorer, à expérimenter.
Avant lui, le livre "Enseigner l’équitation" de Jean-Luc Force avait déjà ouvert la voie de la construction du plan de formation, mais sa lecture pouvait être difficile. Avec Stéphane Liger, le discours est clair, actuel et ancré dans la pratique quotidienne. Nous nous y retrouvons très facilement.
Dans sa conclusion, Stéphane Liger souligne que ces connaissances sur le cavalier en tant que sportif sont bel et bien présentes... mais éparses, techniques, et difficiles d’accès. Lui, les a rassemblées avec clarté, en s’appuyant sur des années d’enseignement.

Procurez-vous ce livre absolument indispensable !
Je formule un vœu simple : que ces connaissances deviennent accessibles, lisibles, partagées.
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