L'Equitation Pédagogique

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La rêne extérieure

On peut parler de rêne extérieure :

rene exterieure
© LGG

La rêne régulatrice

L'utilisation élémentaire de la seconde rêne, la rêne extérieure, est de céder pendant que la première agit. Ainsi, le cavalier débutant demande un tourner à droite en agissant avec la main droite, tandis que la main gauche cède.
Généralement, le débutant fait une grossière rêne d'ouverture : en fait, sans s'en rendre compte, il exécute une rene directe d'opposition en reculant la main, et lâche complètement le contact sur l'autre rêne. Tirant avec la première main, son buste penche en avant, laissant flotter encore davantage la rêne extérieure.
Il ne sait pas très bien ce qu'il fait, mais les chevaux d'instruction, rôdés aux devinettes, éxecutent les courbes avec plus ou moins de précision et d'équilibre.
Il en va tout autrement chez les chevaux de propriétaires, pas du tout rôdés aux erreurs. Ceux-là risquent de présenter des comportements inverses aux désirs du cavalier. Plus le cavalier tire, plus le cheval dérape sur la rêne d'opposition. En fait, plus simplement, plus le cavalier tire pour aller à droite, et plus le cheval dérapera à gauche. Si le cavalier ne se corrige pas en cours d'éxécution, le cheval risque de devenir, à plus ou moins longue échéance, complètement déséquilibré, indirigeable, voire même rétif.

Dans le cas que nous venons d'aborder, on se rend compte qu'il y a une rêne qui ne fait absolument rien car elle est détendue. Or, cette seconde rêne a un rôle primordial dans la conduite d'un cheval : elle régule l'action de la première

L'utilisation technique de cette seconde rêne, la rêne extérieure au virage, est un peu plus compliquée qu'il n'y parait. Au lieu de lacher le contact sur la rêne extérieure, le cavalier doit au contraire ressentir, dans la main extérieure, les effets provoqués par la rene intérieure sur la tête et l'encolure.
Ainsi, le cavalier doit agir avec sa main intérieure, sans déplacer la main extérieure et sans laisser glisser cette rêne. Il va alors sentir que la rêne extérieure se tend un peu plus quand le cheval répond à l'action de la première main. C'est à ce moment que le cavalier va pouvoir doser son action sur la rêne extérieure et évaluer les conséquences sur la direction en premier lieu, puis sur la locomotion, la vitesse, et l'équilibre de son cheval dans un second temps et s'il a suffisamment de tact, ce qui est une autre histoire ! S'il a laissé glisser la rêne ou bien s'il a avancé sa main extérieure, il ne sentira rien et ne pourra doser aucune action ou résistance.
En effectuant le geste juste, le cavalier va enfin pouvoir comprendre que la rêne extérieure régule l'action de la rêne intérieure en corrigeant, soutenant et fixant le tracé des épaules : la conduite lui semblera alors harmonieuse et facilitée par l'encadrement de la tête et de l'encolure, par la réalisation d'un "couloir de rênes".

Si seulement cette rêne régulatrice était enseignée, la rêne d'ouverture ne serait pas considérée comme complètement obsolète voire erronée, responsable de déséquilibres sur les épaules ou de dérapages incontrôlés avec des cavaliers penchés en avant.
Les cavaliers arrêteraient de se cramponner systématiquement à la rêne intérieure, ils aborderaient enfin les nuances de la rêne extérieure régulatrice et ses profits leur permettraient d'épargner la bouche de leur cheval adoré :

La rêne extérieure ne cède donc pas tant que ça ! Bien au contraire, le cavalier doit résister proportionnellement au déséquilibre ou à la force que le cheval met pour se tordre ou se dérober au mouvement. Parfois, cela engendre une grande tension dans cette rêne.
Si le cheval tourne sans déséquilibre, la rêne régulatrice restera en surveillance passive. Dans ce cas, généralement, les deux rênes sont moelleuses.En aucun cas, l'une des deux rênes ne doit travailler sans la première.
Attention, mal employée, la rêne régulatrice risque d'inverser le pli : la perte de rectitude en découlant engendrera une perte de direction avec un dérapage à la clef ! Une coordination parfaite est nécessaire entre les deux mains.

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Les deux rênes tendues, l'une régulant l'autre, les deux mains, proches l'une de l'autre, forment un couloir et l'on observe la rêne extérieure enveloppant nettement l'encolure ©PK

La rêne d'appui, d'encolure...

Peut-on confondre la rêne régulatrice et la rêne d'appui ?

Chaque main qui agit met le pli de son côté. Ainsi, la rêne d'appui met le bout du nez du cheval du côté de l'action : une rêne d'appui droite met plus ou moins le bout du nez à droite bien qu'elle demande une courbe à gauche.
Elle appuie contre l'encolure et l'épaule, de façon discontinue, pour déplacer les épaules. Son action engendre un report de poids vers l'intérieur de la courbe, donc à gauche. Le cheval est donc plié légèrement à droite avec un report de poids sur l'épaule gauche. La rêne d'appui peut être utilisée dans certains cas pour corriger un déséquilibre latéral.
Attention, si vous tournez à droite, avec la main droite qui pousse sur l'encolure, le garrot ou les épaules, vous ne faites pas une rêne d'appui mais une rêne d'opposition en avant ou en arrière du garrot. Elle n'a pas le même pouvoir de correction que la rêne d'appui
Le pli donné à la nuque ou à l'encolure par la main droite est régulé par la main gauche. La rêne gauche est donc régulatrice, elle est à l'extérieur par rapport à l'incurvation du cheval, mais à l'intérieure de sa courbe. Cette rêne peut rester ou non contre l'encolure du côté gauche. Le cheval tend ses deux rênes et se pose sur la rêne régulatrice.

La rêne d'appui permet de faire des courbes larges en conservant un cheval pratiquement droit dans son rachis, elle canalise parfaitement les épaules entre deux rênes au contact de l'encolure. Cette façon de demander un tourner oblige le cheval à se rééquilibrer sensiblement sur les hanches pour alléger ses épaules. Sans s'en rendre compte, le cavalier commence à agir sur l'équilibre du cheval, enfin, s'il n'est pas penché en avant ! N'oublions pas que l'action de la main part du dos, et que pour ce faire le dos doit être tenu droit et tonique par les muscles qui le composent.

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La rêne d'appui gauche maintient le pli à gauche, reporte le poids à droite. La rêne régulatrice droite contrôle le déplacement vers la droite. Les deux mains sont toujours proches l'une de l'autre, leur déplacement est le plus discret possible. ©PK

La rêne d'encolure

La rêne d'encolure, pour les curieux, s'apparente à l'effet de rêne utilisé en équitation western ou d'extérieur : une main tient les deux rênes, très en avant au dessus de l'encolure, les rênes sont en guirlandes et grace au déplacement de la main d'un côté ou de l'autre, l'un des deux rênes frôle l'encolure sans qu'il n'y ait aucun appui marqué. Ce frôlement suffit à faire comprendre au cheval (dressé à cette action) de quel côté il doit se porter.

Les flexions

Les flexions d'encolure que l'on peut apprendre à pied puis à cheval utilisent le principe de la rêne extérieure régulatrice.
Les flexions ne s'obtiennent pas du tout en tirant d'un côté sans s'occuper du côté opposé ! Pourtant c'est ce qu'on voit faire le plus couramment. Cette fausse méthode est une torture pour la bouche du cheval quand le mors n'en sort pas complètement, ainsi que pour les vertébres de la petite encolure, sa nuque basculant sous l'action forcée de la main.
Les flexions, bien exécutées, permettent au cheval d'apprendre non pas à plier son encolure, il le fait tout seul dans la nature, mais à tendre moelleusement la rene extérieure, ce qui l'empêche de basculer la nuque.
C'est à partir d'un pli et sur une tension de cette rêne extérieure qu'il apprend ensuite à flechir sa nuque (cession de nuque) et à étendre son encolure vers le bas (extension d'encolure).
A cheval, le dos et les jambes soutiennent l'action de la main, la jambe intérieure est particulièrement importante dans la cession de nuque.

La mise en main

Les deux rênes forment un tout : la main intérieure donne un leger pli, puis décontracte par des vibrations du poignet ou des frémissements des doigts. Elle veille ainsi à la légèreté et au placer. La main n'empoigne jamais la rêne intérieure et de ce fait, le cheval ne peut donc jamais y prendre appui, donc peser et se déséquilibrer.
La main extérieure règle l'équilibre latéral et longitudinal, en agissant ou en résistant. Elle contrôle donc le cadre (l'attitude), la direction et l'équilibre. Cette sensation est facile à percevoir sur un cercle de taille moyenne au trot de travail : la force centrifuge invite le cheval au dérapage. Cette force centrifuge, il faut avoir l'impression de l'absorber dans la rêne extérieure, tout le long de la rene extérieure, et de la renvoyer vers l'intérieur en se servant de toute sa longueur, mais sans la pousser, car alors l'action serait trop forte. La force centrifuge pousse chaque centimètre de rêne et chaque centimètre de rêne renvoit cette force vers le centre du cercle comme un miroir, sans exagération.

force centrifuge

La rêne d'équilibre

Le cheval doit se tendre et se poser sur la rêne extérieure, à des degrés différents selon les exercices et son niveau d'équilibre. Cette attitude permet au cavalier de pouvoir travailler moelleusement la décontraction de la machoire et de la nuque avec la main intérieure.
Si, en rendant totalement la rêne intérieure, le cheval s'ouvre, perd son incurvation, ou s'affaisse, il y a deux explications possibles :

Si votre cheval reste posé et tendu, s'il remplit la rêne extérieure par lui-même et conserve son impulsion, il est sur la voie de la rectitude ! La rêne intérieure doit d'ailleurs légèrement se détendre d'elle-même dès que le cheval s'emploie vraiment dans les exercices que ce soit un cercle, une épaule en dedans, une pirouette...La main intérieure peut alors jouer son rôle pour demander la décontraction de la machoire et de la ligne du dessus par de petites vibrations. La rêne extérieure veille, par un contact stable, à la rectitude.
La recherche de l'équilibre par le biais de la rêne extérieure combinée à une action de jambe intérieure à la sangle améliore la cadence. Il s'agit d'ailleurs des aides principales de l'épaule en dedans.

L'action précise de la rene extérieure est rendu possible par la fixité de la main intérieure. Si la main intérieure veut trop en faire (voir début de l'article), le vrai travail de la rêne extérieure n'est plus possible

Un exercice, un petit test

Installez vous sur un cercle au pas actif,
La main extérieure ne bouge pas, les doigts se ferment sur la rêne.
La main intérieure juste décollée du garrot, ni avancée, ni reculée, mais de façon à ce que la rêne intérieure ne touche pas l'encolure.
La jambe intérieure agit en rythme avec le pas, à la sangle, décollez le genou pour prendre le cheval avec toute la longueur du mollet.
Tendez votre dos pour qu'il soit droit (ni vers l'arrière, ni vers le haut) en conservant l'assiette souple
Maintenez l'impulsion avec votre assiette et la seconde jambe si besoin.

Serrez vos doigts sur la rêne extérieure sans déplier le cheval et sans ralentir (compensez)
Et observez :

  • La rêne intérieure se détend légèrement : le cheval cède de lui-même s'il est éduqué, il cède par l'action de la jambe intérieure, qui sollicite ses abdominaux et amène la ligne du dessus à se tendre.
  • Si le cheval ne cède pas, et si vous n'avez pas perdu d'impulsion, faites vibrer avec un mouvement de doigts uniquement (sans bouger la main) la rêne intérieure en continuant d'agir avec vos autres aides, dès que le cheval cède, mettre la main intérieure "en veille".

Attention, quand le cheval cède et libère la rêne intérieure, votre main ne doit pas chercher à reprendre le contact.
Le cheval reprendra le contact de lui-même soit quand vous changerez d'exercice, soit quand il commencera à perdre son équilibre
Quand le cheval conserve son attitude sur un demi-cercle, travailler le même exercice au trot puis en variant l'allure du trot.
Plus tard, ne soyez pas impatient, travaillez dans le même esprit au galop, surtout quand votre assiette et l'indépendance de vos aides seront correctes.

Autres Disciplines

A l'obstacle, le cavalier en équilibre peut, en reculant son épaule extérieure, agir sur l'équilibre du cheval et son tracé. Il finit de doser son action en fermant ou ouvrant les doigts une fois que le cheval a répondu au report de poids sur les hanches. L'action du cavalier commence donc par un re-placement du dos (du buste) à sa place, puis par une action de main, qui part d'un dos placé.
Cette action est combinée à une action propulsive des jambes, les jambes n'étant efficaces et à leurs places que si le dos est lui-même à sa place, d'où une grande importance donnée à la position du dos, et à l'orientation du regard, dont le placement du dos dépend.
Ce faisant, le cavalier, en se redressant, reporte également du poids sur l'arrière main, se rapproche de la selle, et augmente son champ de vision. Une simple consigne "regarde où tu vas" "redresse-toi" a alors des conséquences multiples pour le cavalier et le cheval.
La rêne extérieure, qui arrive en fin de chaine d'actions, agit sur la direction sans perdre l'engagement des postérieurs, limite le pli, et permet d'arriver avec un rachis droit, avec un cheval en équilibre sur les hanches, devant un obstacle : les meilleures conditions pour le cheval, ce n'est pas négligeable.

En attelage, on demande les figures de dressage avec un souci d'équilibre et d'incurvation. Le meneur équilibre en agissant avec ses deux mains simultanément, cède dans la main extérieure, puis dans la main intérieure, puis rééquilibre à nouveau et recommence à céder à l'extérieur puis à l'intérieur, puis rééquilibrer...etc. Céder à l'extérieur permet à l'encolure de s'incurver, céder à l'intérieur oblige le cheval à se tenir sur sa courbe sans tomber sur son épaule intérieure, ce qu'il fait immanquablement si le contact est conservé de ce côté. Il apprend peu à peu à rester incurvé et en équilibre sur le cercle, le temps entre "ceder à l'intérieur " et "rééquilibrer " s'allongeant petit à petit.

Aux longues rênes, la rêne intérieure en position indirecte a un effet assimilable à une rêne d'ouverture. La rêne extérieure directe régule le pli et gère l'équilibre latéral et longitudinal sur le cercle de la même façon que dans l'équitation montée. Pour s'entrainer à ressentir la tension de cette rêne extérieure, la position 1, en rouge sur le dessin, est la plus appropriée car elle n'a pas d'effet direct sur les hanches.
Un fois acquis les sensations et un minimum de tact, le longeur peut reproduire ce travail dans les autres positions de LR.

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la flèche en pointillé montre la décomposition de l'effet d'une rene indirecte, par rapport aux rênes directes (verte vers le surfaix, bleu vers le clefs d'un surfaix d'attelage, rouge vers les clefs du surcou ou du collier d'attelage)

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Rêne intérieure indirecte, régulée par la rêne extérieure directe, surtout en position 1 (rouge)

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En position 3 et 4, la tension des deux rênes doit être très subtilement dosée par de petites vibrations données par les phalanges. Ce travail est plus délicat et réservé aux bons écuyers.

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Lire aussi :

Les mains
Les 5 effets de rênes
L'incurvation en attelage et aux longues rênes
Les 4 positions de longues rênes

Bibliographie :