Enseignant,
métier formidable et dangereux

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Sujet crucial et pourtant banal, la
relation élève/enseignant
dans le domaine équestre a été
abordée dans
d'autres articles sur ce site (voir bas de page). D'une
façon
idéale, la relation à trois,
cavalier-cheval-enseignant,
est sous la dépendance de l'enseignant, c'est dire le poids
qu'il porte sur ses épaules ! Dans la
réalité, la
mauvaise foi, consciente ou inconsciente, des
élèves peut
interférer et nuir gravement à cette relation /
communication.
On ne peut
mentir au cheval:
l'élève doit être vrai avec son cheval,
il n'est
pas là pour faire le clown, jouer au mariol ou essayer de
duper
son cheval comme il pourrait le faire vis à vis
d'éventuels spectateurs ou dans la vie de tous les jours
avec
son entourage. Le cheval ne triche pas. Il se fiche que le cavalier
soit beau, gros, vieux. Il est ici et maintenant, avec son cavalier.
L'enseignant n'est pas non plus là pour tricher. Il est
même capable de
déceler cette malhonnêteté dans le
comportement du
cavalier, et oui, c'est son métier, et il sait faire
particulièrement attention aux personnalités
douteuses et nocives. Le
rôle de l'enseignant, homme de cheval, est de permettre le
dialogue entre le cavalier et le cheval. Il s'inscrit dans l'ici
et le maintenant, dans une relation vraie. Même à
pied, il
est capable de sentir et ressentir le cheval que
l'élève
monte et les moindres signaux que celui-ci émet.
L'élève doit
faire la démarche similaire : être ici et
maintenant, dans
le vrai, et non dans le paraitre, ni dans l'impatience du futur. Si la
tentation est grande de brûler les étapes, elle
n'engendrera que frustration car il n'y a qu'une impasse au bout de ce
comportement. Si l'élève n'est pas dans le vrai,
il
triche
et bloque lui-même sa progression. Certains
élèves
détestent ainsi d'excellents enseignants
clairvoyants qui
voient juste en eux. Malhuereusement, ce sont
ceux-là
même qui peuvent
les aider à se dépasser, à
dépasser ce
blocage.
Faire
progresser ses élèves:
Si l'enseignant prend du temps sur sa vie pour enseigner, c'est pour
obtenir le meilleur résultat possible chez chaque "couple".
L'enseignant y croit, il est persuadé qu'il va y arriver
(à faire comprendre au cavalier comment communiuquer avec sa
monture), que le
cavalier peut y arriver (à communiuqer avec sa monture).
L'enseignant a la foi ! Si
l'élève doute, l'enseignant est capable
de trouver
une solution pour débloquer la situation.
L'élève
doit y croire aussi et faire confiance à son enseignant,
enseignant qu'il doit faire la démarcher de choisir et non
pas
prendre le premier venu. Si
certains élèves pensent que leur enseignant ne
croit plus
en eux, alors qu'ils vérifient qu'effectivement, le
moniteur a cessé de leur
enseigner, car transmettre est un acte qui prend
énormément d'énergie (moniteurs qui
regardnt leurs
pieds, moniteurs qui répètent
"voilà... c'est bien
... oui ...." sans consignes et sans corrections...) Toutefois, tout
élève a la capacité d'user un
enseignant,
s'il triche avec lui-même donc avec les autres. Dans ce cas,
l'enseignant ne peut plus s'impliquer et finalement c'est bien
l'élève qui ne progresse plus car l'enseignant ne
peut
plus proposer de solutions...
Ceux qui
cherchent la petite bête:
ils sont très nombreux ! Parfois noyés dans la
masse
d'une reprise, et encore, ils sont capables de la "pourrir", ils se
dévoilent toujours en cours particulier. Leur
énergie
négative prend le dessus et peut se manifester de
différentes façons :
- "Oui, mais ... "
- "Moi, ceci..." "Moi,
cela..." "Je suis trop vieux..." "Je n'y arriverais jamais...", "Je ne
suis pas prêt...",
- "Mon cheval est trop chaud...", "Il n'est pas en
équilibre...",
-
"C'est pas la
bonne foulée...",
- " J'avais
le soleil en face...",
- "Mon cheval a glissé...",
- "Le
maréchal vient de passer...", le chef de piste, le moniteur
...
- les excuses, les manoeuvres pour éviter de se mettre face
à soi-même (voltes interminables)...
Ce processus
est auto-destructeur, et engendre la spirale de l'échec !
Ces
cavaliers font de la résistance dans leur tête et
bloquent
leur corps. Ils trichent avec eux-mêmes.
De même, ceux qui entrent dans le
système "le client est roi" ne supportent pas la remise en
question, rejettent toutes les propositions, accusent le cheval ou
l'enseignant parce qu'il est trop difficile de casser leur propre
"égo" et de regarder vraiment ce qui ne va pas chez eux.
Ceux
qui pensent que leur statut est celui du client ne comprennent pas
qu'ils doivent faire des efforts pour obtenir des résultats.
L'humilité
:
L'élève doit faire face à ses
blocages.
L'enseignant n'est pas un juge, il n'est pas là pour
dénigrer, juger, critiquer : on est comme on est.
L'enseignant est une aide, il
apporte des solutions et propose des exercices. Par contre, il n'est
pas psychothérapeute et tout le monde doit y mettre du sien.
Accepter la réalité, c'est faire la
différence
entre la technique et l'émotionnel : cela simplifie la
résolution des problèmes.
L'élève doit
rester ouvert à lui-même, à ses
sensations, au
cheval, aux solutions proposées pour aborder le travail avec
sérénité et surtout avec la
possibilité de
comprendre et progresser. Il doit faire confiance, se mettre
entièrement dans les mains de celui qui enseigne et qui est
là pour l'aider. L'enseignant n'est qu'un
intermédiaire entre le
cheval et le cavalier.
L'écoute,
l'humilité, la notion d'effort,
sont souvent ignorés. Il n'y a pas d'apprentissage ni de
progression sans un minimum de contrainte, sans un enseignement
rigoureux et discipliné. On ne dépasse pas le
stade de la
gentille initiation sans régularité et efforts
dans la
durée. Les cavaliers n'ont que très rarement une
analyse
pertinente de leur niveau réel et, de ce fait, acceptent mal
les
conseils. Pourtant les progrès sont rapides dès
lors que
chacun est honnête vis à vis de soi
même, et donc
des autres : rechercher les personnes qui encouragent au lieu de
critiquer, être ouverts aux conseils, être souple
dans sa
tête... L'équitation demande une
véritable
implication, de retour sur soi-même, elle aide celui qui est
prêt à recevoir ses enseignements, à se
réveler à lui-même, à
prendre conscience de
l"ici et le maintenant", à accepter ses émotions,
et à apprendre à se détacher
de sa conditon.
Ici et
maintenant :
le véritable cavalier vit dans le présent absolu,
il
ajuste en permanence sa conduite dans l'instant, en fonction des
informations incessantes qu'il reçoit du cheval. Pendant que
l'enseignant l'aide à ressentir, à ajuster ses
demandes,
il est capable de rester concentré à son
prolongement :
le cheval. La communication entre l'enseignant et le cavalier doit
parfois alors être la plus dépouillée
possible,
immédiate, sans détour, un mot, un silence pour
permettre
au cavalier de se recentrer, pas de "s'il te plait", de "merci", de
"blabla" parasites, juste l'essentiel pour laisser
l'élève tout entier à ce qu'il est en
train de
faire et de vivre : aucune pensée inutile et nuisible. Les
messages doivent
être perçus pour ce qu'ils sont et non pas
interprétés. L'enseignant est ici et maintenant,
dans le
vrai, avec un cheval qui est dans le même monde. Il est,
parfois
même, à travers l'élève, en
train de vivre
réellement ce que le cavalier vit.
L'enseignant
doit être parfait.
Si le cheval a le droit de ne pas être à
l'écoute,
si le cavalier a le droit d'avoir des états
d'âmes,
l'enseignant, lui, par contre, doit être parfait. Qu'il soit
bon
ou mauvais, chacun s'octroie le droit de le critiquer même si
personne n'est capable de faire ce qu'il fait : artiste,
comédien, gestionnaire, personnage public, bon
pédagogue,
ponctuel, disponible, de commerce agréable, organisateur,
poli,
avec une bonne éducation, sans tomber dans la routine... Ses
qualités humaines doivent être nombreuses, mais ce
n'est
tout de même qu'un être humain, face à
une
clientèle éclectique et souvent capricieuse. Pour
assouvir cette passion d'enseigner, certains négligent
l'aspect
financier, la vie familiale, les temps de pause et de repas. L'enseignant se donne entierement. En
récompense, l'enseignant est "exposé", "en
pature",
critiqué pour diverses choses : technique, style, morale,
vie
privée, moindre petite circonstance sur son
caractère
... Et finalement, tout le monde y perd !
Qui enseignera encore
vraiment l'Equitation avec un grand E dans ces conditions ?
Lire aussi :
les
spécificités de l'équitation
être pédagogue
Bibliographie :
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