L'Equitation Pédagogique

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Se nourrir - être nourri - Eric Ancelet

La lecture de ce livre a remis en question les autres livres de ma bibliothèque traitant de l'alimentation. Ici seront abordés les grandes lignes du livre d'Eric Ancelet, la lecture en semble indispensable.

Le cheval est fait pour MARCHER

Il ressent l'impérieuse nécéssité de se déplacer pour se nourrir, pour se rapprocher de ses congénères, pour s'éloigner des prédateurs. Manger est indissociable de marcher. Marcher lui permet de se déplacer dans des zones d'alimentation diversifiée, de faire des choix, de s'auto-réguler par la consommation de certaines plantes à certains moments.
Marcher et manger, marcher pour manger. Mais marcher est un besoin en soi qui ne disparait pas avec la satieté.
Le tube digestif du cheval - 230 litres répartis sur 45.6m pour un transit total de 48h - est toujours, tout le temps, rempli d'un flot mouvant de matière végétale qui doit progresser dans un mouvement continu. Très comprimé et replié dans la cavité abdominale, chaque partie a une place pour se loger et pour bouger selon le rythme propre à l'organe et dans l'harmonie du mouvement d'ensemble. Le déplacement de l'animal lui-même garantit la permanence et la régularité de la progression des aliments dans le tube digestif.

Le coup de dent

Les dents du cheval, contrairement aux notres, poussent en continu, tout au long de sa vie. Une pousse continue nécessite une usure régulière. Le cheval est donc programmé pour un certain nombre de coups de dents par jour, paramètre aussi peu modifiable que la taille de l'intestin grêle. L'animal sait qu'il doit user ses dents. Naturellement, comme il passe son temps à brouter, il n'y a aucun souci. S'il ne le peut pas, il ... dévore sa litière, tique à l'appui, tique à l'air, essaie par n'importe quel moyens d'évacuer les tensions insupportables.

Le système digestif

Le système digestif du cheval est très spécialisé. Une digestion d'abord chimique avec une performance limitée est suivie d'une digestion microbienne très efficace.

tube digestif du cheval
©LGG

Bouche, Oesophage, Estomac, Intestin Grêle : digestion chimique par les sucs gastriques et les enzymes, dont les enzymes fournies par le foie et le pancréas.
Caecum, Gros Intestin, Colon : digestion microbienne par des micro-organismes très variés.

La partie fibreuse, base de l'alimentation du cheval, est prise en charge par les micro-organismes du caecum, du gros intestin et du colon, c'est à dire par la partie performante de son système digestif. La nature est bien faite.

Elle est perturbée par l'alimentation concentrée et crée de graves problèmes sanitaires.
Quoi ?Alimentation industrielle
EstomacAcide et Enzymes - séjour court.Seuls les 10 derniers litres avalés subiront une digestion gastrique en y restant 6 à 8h.
D'où l'ordre de distribution : eau / foin / produits concentrés
Intestin grêleSucs et Enzymes du foie, du pancréas et de l'intestin lui-mêmeSécrétée en continu, la bile est toxique si l'intestin n'est pas plein. D'où le fractionnement des repas donnés. Suffisant ?
Du Caecum au ColonFlore microbienne très performante

Les problèmes de l'alimentation donnée par l'homme

L'estomac

L'ordre de distribution précis résout-il le problème ? Peut-être la réponse tout en bas de l'article ?
1/ L'eau est donnée en premier afin qu'elle ne chasse pas vers l'intestin des produits insuffisament digérés.
2/ L'élement fibreux, comme le foin, qui nécessite la digestion microbienne, a un long chemin à parcourir.
3/ La ration concentrée (et les fruits) qui doit rester un temps suffisant dans l'estomac.

L'intestin grêle

Le cheval ne possède pas de vésicule biliaire. La bile se déverse en continu dans l'instestin dont la muqueuse est très fine et vulnérable. Pour ne pas être toxique, cette sécrétion doit se produire dans un tube digestif plein.
En pension, le cheval est nourri ponctuellement, le tube digestif n'est pas tout le temps plein.

Les céréales

Les céréales nécessitent une digestion chimique, ce qui n'est pas le fort du système digestif équin.
Ces glucides ont pourtant remplacés les fibres en tant que base de l'alimentation actuelle. Certains chevaux n'ont même pas de foin !
Pour traiter les céréales (entre autres), le pancréas doit libérer des enzymes qui permettent à la fois la digestion, et le maintien de la glycémie par rapport aux dépenses énergétiques.
Or, à chaque repas de céréales, le pancréas est sur-sollicité. La glycémie n'est plus régulée. L'hyper et l'hypoglycemie alternent et créent des troubles graves comme le diabète.
La digestion chimique, qui est à l'encontre de la nature de l'espèce équine, est la cause d'un vieillissement prématuré et de contre-performance sportive.
Le cheval peut ingérer de l'amidon jusqu'à 0.4% de son poids vif par jour. C'est à dire qu'au délà de 2KG de céréales par jour, pour un cheval de 500 KG, le sujet est en état de surmenage métabolique.
Un véritable pathologie digestive s'installe : surparasitisme, troubles cutanés, troubles respiratoires, troubles ostéo-articulaires...
Les céréales non suffisament dégradées (puisque ce n'est pas la spécialité du cheval), perturbe ensuite la digestion microbienne en créant : fermentations, putréfaction, production de gaz, coliques, fourbures, toxines absorbées par le sang, transit perturbé, inflammations douloureuses, spasmes, coliques, tension dans les tissus de soutien (boiterie, accrochement de la rotule ...). Le cheval devient agressif, anxieux, retif, inattentif, il présente des troubles caractériels, un dos douloureux, un abdomen tendu et des méformes incompréhensibles.
Le cheval n'est même plus capable de traiter efficacement sa nourriture de base qu'est la fibre !

Et la paille ?

La paille est considérée comme un lest. Elle a des vertus mécaniques car c'est un aliment grossier qui permet d'user les dents. C'est également un élément de remplissage du tube digestif, qui est un besoin profond. La paille va ainsi remplacer les autres fibres non accessibles. C'est dans les gènes du cheval.
On ne peut pas remplacer un style d'alimentation par une autre, simplement en faisant correspondre des chiffres sur des quantités chimiques. Le cheval, décrit dans les traités diététiques, n'existe pas !

L'eau, la vie

Comme tous les êtres vivants, le cheval est constitué, en grande partie, d'eau. Un cheval de 500KG c'est 350 L d'eau.
Dans l'alimentation du cheval, il y a deux sortes d'apport en eau : l'eau bue, et l'eau mangée.

herbe pour cheval
Le liquide biologique végétal est la meilleure source d'abreuvement ©LGG

L'eau bue sert au transport des aliments, au nettoyage et au refroidissement du corps. L'eau mangée (l'eau contenue dans les aliments) est utilisée pour les grandes fonctions métaboliques et la vie cellulaire. Le liquide biologique végétale est de loin la meilleure source d'abreuvement, grace à ses éléments minéraux dissous et assimilables.
Or le cheval moderne ne consomme plus que des aliments secs, deshydratés, dévitalisés. Le cheval moderne ne mange plus d'eau.
Il s'en suit un cycle de déshydratation chronique, l'eau d'abreuvement seule n'étant consommée que pour le minimum nécessaire à la survie.

La deshydratation

La soif est déclenchée par la déshydratation, ressentie, elle, quand la concentration de sels dans le sang est trop importante.
Le rein est en charge du maintien des constances et d'éliminer les excédents, comme les sels. Malheureusement, le rein du cheval est fragile. Quand il est trop sollicité, il ne peut plus évacuer les toxines et crée de l'anxiété. Ce stress met en jeu deux hormones principales, l'adrénaline et le cortisol, sécrétées par les glandes surrénales. Ainsi le cercle vicieux entre deshydration, surmenage des fonctions vitales, stress, surmenage des fonctions vitales ... conduit une nouvelle fois à des troubles comportementaux.

L'eau de source et l'eau de pluie sont les meilleures sources d'eau bue. Des expériences, utilisant de l'eau exclusivement en bouteilles, ont montré une très nette amélioration du comportement des chevaux, simplement parce qu'ils buvaient plus !

Encore les céréales ?

Les céréales sont une alimentation très séche avec seulement 16% d'eau. Elles sont également toutes déminéralisantes avec une trop grande quantité de phospore par rapport au calcium.

L'arrêt instinctif

La quête alimentaire, pour toutes les espèces, est le fondement premier de la vie. La satisfaction du besoin de manger induit un "STOP" variable selon l'animal, l'alimentation, le moment. L'"arrêt instinctif" chez le cheval fonctionne avec les végétaux enracinés à la terre.
Un aliment est bon s'il correspond à un besoin. Le même aliment est mauvais s'il ne correspond à aucun besoin et ne sera pas consommé.

Les plantes toxiques

La fougère, la prêle, sont consommées par certains chevaux en quantité réduite. Si la plante est sur pied, il n'y a aucun danger car le cheval va réguler sa consommation grâce à l'arrêt instinctif. Par contre, si la plante est coupée, le cheval ne la reconnait plus, et la phytothérapie instinctive ne fonctionne plus.

Les céréales toujours !

L'arrêt instinctif ne fonctionne pas non plus, ou mal, avec les céréales et les aliments transformés. L'ingestion peut dépasser le besoin et créer des troubles multiples (cheval échappé qui dévore des sacs de grains sans se contrôler).
Le cheval nourri avec de l'industriel et trop longtemps enfermé perd ses instincts.

L'énergie

L'énergie utilisée par le muscle vient de la digestion microbienne de la cellulose (fibres, herbes, foin, pailles).

Stop avec les céréales

Les chevaux de sports ont un besoin accru en énergie. Leur donner plus de céréales aboutit à un surmenage métabolique, un mauvais rendement, qui installe le cercle vicieux : donner encore plus de céréales pour compenser ce mauvais rendement.

La fibre

La fibre est la BASE NATURELLE de l'alimentation du cheval. Respecter sa nature c'est considérer le cheval comme un tout indivisible - forme-instincts-environnement.
La quantité consommable pour obtenir l'énergie indispensable à la vie, dépend de sa teneur en eau : 80 Kg d'herbe fraiche contre 6 à 12 Kg de foin.

Piège

On entend par herbe fraiche, l'herbe sur pied. Une fois coupée, l'eau présente dans l'herbe provoque des réactions chimiques de l'ordre de la fermentation et la libération de chaleur. L'excès d'azote ainsi produit mène à des intoxications alimentaires, des indigestions douloureuses, de la putréfaction, des flatulences, des douleurs musculaires, des crottins foncés et malodorants.
Ceci est particulièrement GRAVE car le cheval ne peut pas vomir, et le chemin est très long avant d'être éliminé par l'anus !
De plus, le surmenage du foie et du rein perturbe les fonctions nerveuses, altèrent les articulations (fourbure)...
Le cheval est surexcité, hypersensible à la douleur, intolérant à la moindre sollicitation, ses muqueuses oculaires sont jaunatres, il présente des raideurs musculaires dans le dos et les lombes... L'intestin plein de gaz comprime les nerfs moteurs (sciatique...)et occasionne des jets de postérieurs (chevaux qui tapent dans les murs). Les muscles saturés de toxines présentent des crampes à l'effort et des courbatures ...

Les troubles

Cheval et alimentation domestique ne font pas bon ménage. La distribution de concentrés induit une disparition des habitudes (marcher, chercher, choisir...), une vide comportemental, une perte d'identité, du stress...
La perte de mouvements, jouant un rôle dans la digestion, cause des maladies persistantes : ulcère, colique, constipation, empoisonnement progressif...
L'ingestion de céréales n'empêche pas les dents de pousser ni ne permet leur usure régulière. Un dentiste, une fois par an, quand cela est fait, n'est pas une solution respectable.Le cheval développe des comportements inadaptés.

Tout comportement névrotique chez le cheval peut être relié à une carence comportementale en relation avec "marcher-manger".

L'immense majorité des chevaux domestiques est en dysfonctionnement digestif permanent. Les erreurs alimentaires sont directement ou indirectement responsables de la plupart des maladies équines.

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Bibliographie :