L'Equitation Pédagogique

cheval
©Laurence Grard Guenard
Galop 9

Hygiène : mode d'hébergement

Le cheval Domestique


L'homme intervient dans la définition des besoins biologiques du cheval domestique : confort, commodité, box, couverture, ferrure...
Celui-ci a une espérance de vie plus courte (20 ans) que le cheval sauvage (30 ans). Il a également des problèmes de santé divers.

Le mode de vie que l'homme a choisi pour le cheval est-il adéquat ?

Comparaison du cheval dans les conditions naturelles et au box :

Dans les conditions naturelles, le cheval est debout 18 à 20 heures par jour, broutant avec la tête basse, au milieu de ses congénères. Le corps est adapté pour cette posture. En box, le cheval a la tête en hauteur pour voir ce qui se passe à l'extérieur, privé de ses rapports sociaux, il développe plus facilement des maladies somatiques (tics et vices d'écuries). Il a aussi la tête en hauteur pour manger et boire, ce qui crée une déviation de l'axe de la trachée et des voies respiratoires. Les poussières ne sont plus arrêtées correctement dans cette position de l'encolure et le cheval présente des défauts respiratoires. La répartition du poids, tête haute, est également modifiée.

Dans les conditions naturelles, le cheval est au grand air, même s'il trouve un abri sous des arbres ou autres. Les fonctions musculaires de la peau s'exercent et la thermorégulation est normale. En box, le cheval est à l'abri du vent, mais pas de la poussière de la paille, du foin ou de la litière, il n'est pas à l'abri de l'ammoniac et de ses émanations, il est sujet à divers problèmes de santé : maladies respiratoires, infections des blessures, parasites, problèmes de pied (pourrissement de la fourchette ...). Les muscles peauciers ne sont pas exercés, le cheval n'est plus capable de réguler sa température (manque de stimuli), d'autant plus que l'homme lui adjoint tonte et couverture.

Dans les conditions naturelles, le cheval est en mouvement continu : il développe ses muscles et son squelette, le mécanisme du sabot (pompage) fonctionne en permanence et participe au système circulatoire tout entier (le cheval a 5 coeur).  En box, le cheval ne marche pas, la fonction de pompage du sabot est très réduite, le coeur se fatigue, on constate des problèmes circulatoires.

Dans les conditions naturelles, le sabot est en contact constant avec l'eau qui lui permet de garder son élasticité. En box, cette absence d'eau fait perdre sa fonction au pied : mécanisme élastique, absorption des chocs, circulation. Au contraire, de la graisse est appliquée sur le sabot, elle empêche l'absorption de l'eau, et dégrade la corne en acides gras et esters.

Dans les conditions naturelles le cheval n'a pas de fer. Le fer est apparu au Moyen-Age pour parer une mauvaise qualité de corne. Cette corne était le résultat des conditions de vies malsaines des chevaux : petites étables, stagnation dans leurs excréments, mauvaise circulation par manque de mouvement, agents agressifs (ammonium...) et donc, usure lors de l'usage.

Pas de pied, pas de cheval.
Le fer :  nerf de la guerre ?


Le sabot a différents rôles :

- protéger les structures internes : protection mécanique et thermique
- sécuriser la prise d'équilibre sur tous les terrains : traction, fonction anti-dérapage des barres
- amortir les chocs en les absorbant
- aider le coeur à faire circuler le sang par effet de pompage
Le chorion est un tissu très vascularisé, qui permet la production de corne, il prolonge la peau pour tapisser le bout des pieds et remplace le périoste sur toute la 3ème phalange.

Le fer :

- Il protège la paroi contre l'usure
mais
- il annihile l'absorption des chocs en empêchant le mouvement de la sole et l'expansion du sabot,
- il crée à la place des vibrations qui détruisent la paroi et détériore les tissus vivants, et contribue à des maladies rhumato-orthopédiques,
- il détruit le mécanisme "pompe circulatoire auxiliaire" du sabot, entrave la circulation et la thermorégulation à l'intérieur du pied,
- il crée un pincement au niveau du podophyle, la paroi étant rigide et inflexible lorsque la 3ème phalange descend, et contribue aux inflammations du bourrelet périoplique.
- il amène une tension anormale dans les ligaments et les articulations : le pied ne "roule" plus (appui en talon puis à plat, puis en pince), il s'appuie d'un coup : rhumatismes chroniques, déformations, ossifications ; le pied ne pivote plus dans les mouvements reflexes qui provoquent alors des tensions dans les ligaments et les articulations; le pied ne sent plus le sol, ne peut plus s'y adapter, il trébuche et met encore plus les ligaments et articulations sous tension.
- il contusionne la région naviculaire : lors de la croissance de la corne, le fer ne s'évase pas, il retient la paroi à la même circonférence.  Le diamêtre du sabot se réduit, il devient contracté. L'os répond à la pression et se déforme : maladie naviculaire avec douleurs en talon, report du poids vers la pince, et évolution vers la fourbure. Le seul mouvement possible est en couronne, elle sera tirée vers le bas et le dedans du sabot, et en talon, poussé en dedans par effet de la couronne. Le fer empêche le developpement du pied du jeune cheval (cheval ferré à 2/3 ans).
- la mauvaise circulation du pied ferré facilite la formation de mycoses : fourchette pourrie...
- il ajoute du poids et augmente la force centrifuge (fer lourd utilisé intentionnellement pour développer les allures) ce qui a des effets néfastes sur les articulations et les différents tissus,
- les clous détruisent la paroi, vibrent autant que le fer, les vieux trous permettent l'entrée de l'ammonium, la corne est endommagée, désséchée et vulnérable. Les clous transportent également le froid à l'intérieur du pied et détruit le rôle d'"isolant thermique" de la boite cornée : maladie de la ligne blanche,
- quant aux fers orthopédiques, ils n'améliorent pas plus la circulation, garante de toute guérison.

Existe-t-il une solution pour nos chevaux domestiques ?

Il y a des chevaux au box heureux, et des chevaux ferrés sains !?!

Les différents problèmes de santé générale sont généralement détectés, mais ceux du pied peuvent passer inaperçus, car ses nerfs ne fonctionnent pas correctement, le pied est engourdi.  Les déchets métaboliques s'accumulent pendant des années. Lorsqu'on enlève les fers, la circulation se retablit, les déchets sont libérés dans le sang, avec un risque d'empoisonnement si les organes internes (foie, rein) ne fonctionnent pas correctement, exactement comme lorsqu'on fait un garrot. Le sabot retrouve sa sensibilité et le cheval "ferré sans douleurs" peut alors se mettre à boiter sans ses fers.

Pour éliminer les problèmes de santé (soit on élimine les causes, soit on soigne les symptômes avec plus ou moins de succès), le cheval doit retrouver au maximum un cadre naturel. Pour ceux qui décident d'aller jusqu'à la transition du pied ferré vers le pied nu, elle s'accompagne obligatoirement de cette vie, et elle demande beaucoup de vigilance et de patience. Si l'on ne peut pas assurer ces conditions, il vaut mieux ne pas entreprendre cette transition.

Le fer devient un moyen d'anesthésier le pied pour que l'on puisse stocker les chevaux dans des boxes ?

Cadre Naturel Possible
climat naturel
mouvement constant
association avec d'autres chevaux
variation nutritionnelle et nourriture en continu
alignement naturel du corps
sabots tous les jours en contact avec de l'eau, pas de graisse
endroit de repos aéré
pas de fer
pas de couvertures, ni bandages, ni autres protections


Bibliographie :
 

Lire aussi :

galop3Notions sur la ferrure
galop 6le pied